Petite histoire du Sgen-CFDT à La Réunion

On ne peut comprendre l’évolution du syndicat si on ne replace pas son développement dans le contexte dans lequel il a évolué. Historique de 1981 à 2011

En 1981, La Réunion est encore un département rattaché à l’académie d’Aix-Marseille ; elle est dotée d’un Vice-rectorat (équivalent d’une I.A.). Suite à l’arrivée de la Gauche au pouvoir, une politique ambitieuse est mise en place pour développer le système éducatif. Les taux de scolarisation des 16-19 ans sont faibles ; une politique volontariste se met en place pour parvenir au « pyramidage » du collège et développer le second cycle du second degré. L’académie de La Réunion est créée en 1984.

Jusque-là nombre d’élèves terminaient tant bien que mal leur scolarité à l’école primaire. Ainsi une note d’information du Vice-rectorat datée de septembre 1980 mentionne-t-elle que « 14 400 jeunes de 12 à 16 ans sont encore à l’école primaire ! 647 dans l’enseignement spécial, 2385 en classe de Fin d’études, et …11 368 en classe de CE1 au CM2 ! ». En 1981-82, 46,3% des élèves de CM2 étaient âgés de 12 à 16 ans… À cette époque donc l’enseignement primaire prédomine à La Réunion.

Les élèves qui quittent l’enseignement primaire à 14-15 ans sont admis en classe de CPPN [1] de collège, les meilleurs en CPPN de LEP [2] ! Au palier d’orientation 5ème, pour les élèves qui ont été admis en 6ème deux ans plus tôt, c’est le rush sur les CAP 3ans, ou, à défaut les CPPN de LP…L’entrée au LEP constitue un véritable challenge ! Les élèves de CPPN qui n’ont pu entrer au LEP sont admis dans des centres dits de « préformation » (professionnelle).

Avec la mise en place des PAIO [3] en 1983, les 16-18 ans sont admis dans des stages d’insertion, voire de qualification fonctionnant dans de nombreux centres répartis sur tout le t
erritoire ; le dispositif est géré par la DAFCO [4] qui embauche près de 200 formateurs contractuels pour encadrer la masse des jeunes achevant leur scolarité obligatoire sans formation, voire en situation d’illettrisme. Sur les 5 GRETA [5] existants à l’époque, 2 sont spécialisés dans les publics dits de bas niveau…

Il est mis progressivement fin à la rétention des 12-16 ans à l’école primaire et les collèges sont incités à conduire l’ensemble des entrants vers la classe de 3ème. Parallèlement, l’augmentation du taux d’orientation vers la seconde de lycée est dynamisé par une politique de construction de lycées menée par la Région à partir de la fin des années 80, suite au mouve
ment de décentralisation. Le Conseil Général de son côté construit et rénove les collèges.

Au début de la décennie 80, les gros bataillons du Sgen Réunion sont donc principalement constitués d’instituteurs, de profs de LEP et de formateurs de la DAFCO.

Le secrétaire général de l’époque, instituteur, se présentant à des élections politiques locales, n’hésite pas à mentionner son appartenance syndicale sur ses affiches électorales Cela suscite chez certains militants Sgen un mouvement de réprobation. Aussi, lors du renouvellement des mandats au Congrès du Sgen de 1983, un nouveau SG, professeur de collège, est élu à la tête su syndicat. On observe bien entendu des défections du côté des adhérents du 1er Degré.

Par ailleurs, à la même époque (1983), nombre de professeurs non-titulaires de LEP ainsi que des formateurs contractuels de la F.C. bénéficient d’un vaste plan d’intégration : la branche LEP et la branche FC perdent pas mal de militants particulièrement actifs jusque-là dans leurs branches respectives !
Avec la progression des effectifs de collège puis de lycée, de nombreux enseignants du second Degré arrivent de métropole. Certains rejoignent le Sgen. La physionomie du syndicat évolue par ailleurs dans le sens d’une plus large représentation des personnels ATOS au sein du Sgen jusqu’à ce que le Gouvernement Raffarin ne décrète le transfert des TOS….
Les Secrétaires Généraux qui animent le Sgen Réunion, au-delà des seules préoccupations propres à l’Education Nationale, vont œuvrer dans le sens d’une plus grande intégration du Sgen au sein de la CFDT locale, l’Union régionale de La Réunion, n’hésitant pas à s’impliquer dans le fonctionnement de l’U.I.R. et à impliquer le Sgen dans divers mouvements sociaux et/ou intersyndicaux au cours des deux dernières décennies. On notera : la grève des dockers au Port, la défense des fonctionnaires en 1997 (remise en cause de l’indice de correction), le mouvement de 2003 (décentralisation des personnels TOS et des COP, voire des personnels médicaux-sociaux), le COSPAR [6] en 2009.

Si le Sgen reste un syndicat minoritaire dans le paysage syndical local, il garde toujours en ligne de mire la préoccupation liée à une approche pédagogique mettant les élèves au centre du système éducatif. Son appartenance à l’Union Régionale CFDT (15 000 adhérents) fait de lui un partenaire incontournable.

Les Secrétaires Généraux du Sgen-CFDT Réunion :

Michel-Yves HOAREAU ( 1972-1983)
Jean-Marie TICHON (1983-1987)
Jean-Louis BELHOTE (1987-1992)
Patrick MANDELBAUM (1992-2000)
Jean-Louis BELHOTE (2000-2011).
Maryvonne QUENTEL (2011)
N.B. pendant la même période, 1 Vice-recteur et 10 recteurs se sont succédé à la tête de l’académie.

Michel RICHER, Secrétaire Général Adjoint.


[1] classes préprofessionnelles de niveau dénommées localement « Christ priez pour nous » !

[2] dénomination des LP à l’époque (Lycées d’enseignement professionnel)

[3] permanences d’accueil, d’information et d’orientation des jeunes (mises en place suite au rapport SCHWARTZ)

[4] délégation académique à la formation continue des adultes (« réseau FAR », FC des adultes de La Réunion)

[5] GRoupement d’ETAblissements pour la formation continue des adultes.

[6] Collectif des Organisations Syndicales Politiques et Associatives de la Réunion