L’EPS déconfinée

Pour le Sgen-CFDT, l’enjeu majeur pendant le confinement était bien de maintenir le lien avec les élèves. Il était donc nécessaire d’imaginer comment « faire autrement » sur une période donnée, quelque chose qui n’est pas vraiment notre discipline… »

Notre spécificité motrice et relationnelle, dans un tel contexte, a nécessairement amené de nombreuses réflexions, y compris sur le sens et la pertinence de ce que nous pourrions proposer. Néanmoins, l’EPS dématérialisée n’est pas de l’EPS. Il faut juste l’avoir en tête pour continuer d’explorer ce qui fait le cœur de notre discipline !

L’EPS déconfinée : quelles conditions préalables

Le conseil scientifique COVID -19 préconisait que les établissements scolaires ne rouvrent pas avant septembre. Le gouvernement en a décidé autrement. Il s’agit maintenant de prendre en compte la diversité humaine et sociale dans sa réalité et sa complexité.

Les équipes d’EPS ont bien perçu que l’EPS sera encore « autre chose » … Et les interrogations portent dans un premier temps, avant tout sur les conditions sanitaires et matérielles de leurs interventions. Certains collègues ont le sentiment que cette reprise ne signifiera pas faire cours mais gérer des créneaux d’études.

Masque, pas de masque ? Accepter 15 élèves ou 10, ou 5… Garder 10m entre deux élèves qui courent ou 1m50 ? Boire ou pas boire ? Se rassembler pour passer une consigne… prendre un haut-parleur… ? Permettre d’autres cours après l’EPS ou non ? Aller sur des installations extérieures ou non… ? Autant de questions qui vont se poser ces prochains jours au sein des établissements.

Toutes situations qui sembleraient ne pas rassembler les conditions de sécurité suffisante devra être signalée immédiatement (Votre direction, le registre santé sécurité au travail, le CHS, le CHSCTA…). N’hésitez pas à alerter le Sgen-CFDT en cas de doute sur une procédure d’alerte ou de retrait.

La sécurité et la santé de tous devront rester au cœur de l’ensemble des actions et de nos innovations. Le Sgen-CFDT rappelle qu’il sera présent pour accompagner chaque collègue qui vivrait une reprise ne respectant pas les normes du protocole sanitaire. Il est important de s’appuyer sur les instances comme les CHS de vos établissements pour vérifier la possibilité de mise en place des gestes barrières, de la distanciation sociale, l’accueil des élèves ayant un PAI, l’accueil d’élèves porteur de handicap et les protocoles d’intervention en cas d’accident.

Une fois les conditions sanitaires posées et garanties, il s’agit de questionner ensuite le pourquoi ? Pour quoi faire EPS ? Et enfin de travailler sur le contenu… ?

L’EPS déconfinée : Pourquoi et quoi?

Les corps auront été confinés pendant de nombreuses semaines, parfois dans des conditions difficiles. Si l’EPS ne pourra pas reprendre « comme avant », l’accueil de l’enfant, dans sa globalité, et dans le mouvement peut être un enjeu intéressant à saisir. En outre, ce qui a souvent grandement manqué aux élèves, ce sont les « copains ». Et le moment d’EPS, comme le reste des autres cours, même sans contact, doit prendre en compte cette dimension sociale.

Sans évaluation, sans pression des « programmes », peut-être l’école pourrait-elle saisir cette période de déconfinement pour faire un pas de plus sur l’accompagnement des élèves. Et même sans contact physique, faire une place importante à l’expression et la rencontre.

Qu’auront-ils vécu pendant cette période ? En quoi ce confinement a pu être profitable pour certains ? Très difficile pour d’autres ? Qu’est-ce qui aura « fait apprentissage » scolaire ou non ? Qu’est-ce qu’il est important pour un ado de vivre dans lors de cette reprise… voire plus généralement à l’école… ?

Cette période, sera sans doute difficile, frustrante. Peut-être aussi source de surprises. Il nous faudra adapter et réguler les modalités de fonctionnement. Le dialogue et la concertation devront prendre toutes leurs places dans les établissements, en gardant en tête le pourquoi de nos actions.

Quelles propositions pour une EPS déconfinée ?

Selon les établissements, les conditions matérielles, l’EPS reprendra ou pas. Si elle reprend, ce sera en groupes très restreints, dans des espaces extérieurs, mais fermés au public. Les équipes ont maintenant à imaginer comment jongler sans matériel, sans contact avec en tête de favoriser le plein-air, l’expression et la rencontre !

Parmi les activités supports possibles, nous pensons alors bien sûr aux activités plus classiques comme les courses, les parcours athlétiques de coordination, la corde à sauter si matériels personnels disponibles ou du renforcement musculaire – mais sans tapis, sans contact. Il est aussi possible d’imaginer ces pratiques avec des défis collectifs à réaliser.
Nous pensons aussi à des activités qui commencent à émerger, de type relaxation, yoga, apprentissages de postures sécuritaires. La présence de tapis semblerait nécessaire mais cela pourra peut-être se faire dans certains établissements.

Dans une perspective à plus long terme et avec des formations: Pourquoi ne pas imaginer aller vers des pratiques, certes encore individuelles dans ce contexte singulier, qui s’inscrivent dans une toute autre philosophie que celles de nos APSA habituelles? Comme le Tai-Chi, le Chi-Qong ou les katas des arts martiaux (Karaté, Judo, Aïkido…).

Il y a aussi dans la besace, les activités d’expression. Nous pensons à la danse (vers un flash mob commun à l’établissement pour le déconfinement… ?), ou à des activités de jeux théâtral. De nombreux petits exercices de théâtre peuvent permettre de travailler sur les émotions, la création individuelle et collective, même à distance !

Il ne s’agit nullement de cautionner une EPS impossible et imposée dans certains cas. Il conviendra de refuser certaines conditions de pratiques jugées dangereuses au regard des protocoles. Il ne s’agit pas non plus de minimiser la situation et la nécessité du respect des consignes sanitaires. Mais pourquoi pas, saisir l’opportunité de réfléchir à la richesse de ce que pourrait proposer l’EPS en dehors des sentiers battus. Peut-être toutes ces idées seront-elles impossibles mais nous pouvons faire le pas d’y réfléchir à plusieurs.

Comment faire corps aujourd’hui sans contact pour mieux le retrouver plus tard, comment se « rencontrer » à « juste » distance?