Et si on réformait au sens premier ?

2019, les luttes se poursuivent et les problématiques restent les mêmes. En résumé, pour l’Etat il s’agit de répondre à la question : comment faire des économies tout en ayant l’air efficace pour le Peuple ? 

Et, les enseignants quant à eux tentent d’apporter des solutions afin de bien faire et bien vivre leur métier dans un contexte économique restreint où l’illusion de moyens supplémentaires ne se concrétise pas sur le terrain. Nous assistons impuissants à la déconstruction d’un modèle éducatif français basé sur des inégalités persistantes et une résilience croissante.

Si le Syndicat essaie d’apporter des réponses et propose des solutions, il n’est pas rare de voir que le gouvernement reste de marbre. L’heure de la consultation aurait-elle cessé ? La crise est partout. Les partis politiques implosent, les religions explosent, les peuples se soulèvent. Est-ce pour autant le moment d’abandonner ? Mais abandonner quoi ?

L’analyse de notre société montre qu’il est nécessaire de réformer. De l’Ecole au monde du travail, de l’association à l’entreprise, il sera difficile de conserver en l’état notre système. Mais il importe de s’entendre sur le sens que l’on donne à « Réformer ».

Réformer, ce verbe est important. Si réformer une institution c’est « faire subir à quelque chose des modifications importantes destinées à l’améliorer » (Larousse), on peut noter un deuxième sens moins enjôleur qui est « supprimer ce qui est nuisible. » (Larousse).
Un esprit mal tourné pourrait faire le parallèle avec la suppression des postes d’enseignants… La loi sur la transformation peut inquiéter : allons-nous vers la contractualisation du service public et donc la suppression progressive des enseignants titulaires avec un statut, garants d’un service de qualité pour chaque citoyen ?

La somme des problèmes dans notre société est telle que nous ne savons plus par quel bout commencer. Prenons le cas de l’école de la confiance de notre ministre de l’EN. Cela partait d’un bon sentiment, redonner foi et confiance en notre bonne vieille école. On a réformé dans tous les sens. Ecole de la confiance pour les professeurs des écoles ? Suppression des aides aux directeurs, augmentation de la charge de travail des enseignants avec la mise en place de l’apprentissage des langues vivantes étrangères dès le plus jeune âge. Il n’est pas rare d’entendre des professeurs des écoles nous dire qu’ils ne savent plus où caser l’ensemble des disciplines et projets imposés. Les temps de concertations ne suffisent pas pour répondre à l’ensemble des injonctions descendantes. Peut-être serait-il temps de faire confiance à ceux et celles qui font et vivent l’école au quotidien.

Et si on réformait le temps de service des professeurs des écoles en reconnaissant le temps de travail réel nécessaire pour assurer ses missions tout au long d’une année scolaire: le présentiel pédagogique face aux élèves, le temps de préparation en amont, le travail en équipe pédagogique, les relations avec les différents partenaires de l’école et extérieurs, les liens école/familles et les tâches annexes de gestion administrative.

Ecole de la confiance pour les enseignants du second degré, les élèves et leurs parents ? La réforme des lycées a précipité toutes les équipes dans un profond désarroi. La mission de professeur principal est devenue complexe, les conseils de classe devraient disparaitre, les élèves sont perdus. Comme dans un fast-food, on fait ses études à la carte… et comme avec le fast-food, le résultat final est catastrophique.

Avec le verbe « reformer », c’est l’acronyme QVT qui a fait son entrée dans la fonction publique: la Qualité de Vie au Travail. Bonne nouvelle ! Voici un alignement positif au Privé !
Mais on s’aperçoit rapidement que la hiérarchie est comme les collègues après chaque nouvelle réforme : complètement perdue.
Le constat est affligeant. La fonction publique ne sait tout simplement pas prendre soin de ses personnels. Prévenir est plus difficile que de remplacer un personnel par un contractuel.
Les chefs de services ont de graves difficultés à mettre en place les recommandations du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail du MENJ (05/09/19).

Mais le gouvernement ne nous lâchera pas !
Voici donc une nouvelle mission : la « Santé, sécurité, qualité de vie au travail dans la fonction publique : un devoir, une urgence, une chance ». Cette enquête a été commandée par notre premier ministre pour mieux cerner les besoins en matière de suivi et de prévention des risques chez les enseignants. Le rapport propose des modèles d’organisation pour mettre en place un vrai plan d’accompagnement. Mais ce n’est qu’un rapport parmi tant d’autres.

Est-ce si difficile d’admettre que les personnels de l’Education Nationale  sont des travailleurs dont-on doit se soucier ? Nous savons bien que l’état ne pourra pas l’avouer.

Quand on y pense, l’enseignant n’a pas beaucoup d’alternative en termes de santé et de sécurité au travail. Pour l’heure, la seule arme reste les 90 jours de congés maladie ordinaire ou l’autre alternative qui est que de se traîner jusqu’aux vacances des élèves pour se rétablir et tenter de revenir en forme. Mais ce temps, c’est aussi un temps de travail, les vacances !

Est-ce pour autant le moment d’abandonner ?

Plus que jamais le dialogue social doit vivre dans l’Education Nationale.
Il importe à chaque agent de se mobiliser pour faire entendre sa voix à travers son syndicat. Il importe de sortir de son silence avec son syndicat pour dire que nous existons. Il importe d’agir pour ne pas subir.