Pour le Sgen-CFDT la priorité doit être d’éviter une fermeture totale et longue des établissements scolaires, tout en assurant une protection forte des élèves et des agents contre le risque de contamination pendant le temps scolaire.
Prévoir des solutions durables
Puisqu’il est bien établi maintenant que la situation sanitaire est exceptionnelle et va le rester pour longtemps, il faut donc prévoir des solutions durables, en terme de faisabilité, de charge de travail mais aussi d’objectifs pédagogiques et éducatifs sur ce que doit apporter l’École. Il ne peut plus être question de continuer à changer de cap de façon incessante au gré de procédures nationales imposées partout pour tous du jour au lendemain. Pour retrouver de la sérénité il faut accepter de donner des marges importantes de souplesse d’organisation aux établissements et s’accorder des temps de réflexion sur les modalités des évaluations et des examens.
En effet à vouloir maintenir à n’importe quel prix le 100% présentiel on risque très vite de passer à un 100% distanciel que personne ne souhaite.
Pour le Sgen-CFDT la gestion de crise passe par l’hybridation. Pour le Sgen-CFDT un enseignement hybride, ce n’est pas un mélange de présentiel et de numérique, le numérique venant poursuivre ce qui ne peut se faire en présentiel.
Hybrider c’est en fait vouloir faire autre chose, articuler distance et présence, synchrone et asynchrone, travail guidé et travail libre, diversifier nos modalités d’action pédagogiques.
Penser la continuité éducative
Il nous faut penser la continuité éducative plus que la continuité pédagogique, s’interroger sur les programmes et les examens, la complémentarité entre famille et école… Et c’est là que nous en sommes.
Cela implique :
- De ne pas laisser croire qu’avec « le bon protocole », tout pourrait se dérouler « comme d’habitude ». Il faut lâcher prise, notamment sur les programmes : l’année scolaire sera extra-ordinaire, comme l‘a été celle de l’an dernier.
- D’envisager des palettes de solutions plus ou moins efficaces avec des effets positifs attendus, mais aussi des effets négatifs qu’il convient d’analyser pour les affronter. En effet malheureusement il n’y a pas de recette miracle et des temps d’ajustement doivent pouvoir être anticipés.
- De ne plus s’imaginer que les examens (bac , brevet et BTS notamment) pourront se dérouler « normalement », « comme si de rien n’était ». Si l’objectif de maintenir ouverts les établissements dans le respect des conditions sanitaires est prioritaire alors ceux liés à la préparation des examens ne le sont plus. Dès lors il faut accepter de passer en contrôle continu intégral, ce qui implique la définition de référentiels de connaissances et de compétences par discipline et par spécialité.
- Une réflexion sur ce que l’on attend des élèves en fin d’année scolaire, en fin de « cycle », un croisement avec les attendus du supérieur (fiche avenir ? insertion professionnelle ? …) sont incontournables. Il en est de même pour les périodes de PFMP, proposer des dérogations ne suffit pas. Il faudra donc repenser « l’égalité républicaine » et la méritocratie, car dans les faits les parcours des élèves seront divers et heurtés, ils seront pourtant tout aussi « méritants » que leurs aînés.
- De limiter les publics accueillis partout où c’est nécessaire, mais de le faire avec discernement et au cas par cas, selon les contraintes multiples qui se présentent : géographiques (transport scolaire ? internats ?…) , qualité et taille du bâti, capacité d’accueil de la cantine, climat scolaire, nombre de personnels vulnérables, profils socio-économiques des familles… Une fois une jauge « acceptable » définie, une palette de propositions doit être discutée en Conseil pédagogique puis en conseil d’administration, avec des lignes claires : – quels objectifs sont portés pour les temps en présentiels ? manipulations en TP/ateliers/salles spécialisées, remédiation, accompagnement, évaluations… – quels objectifs et modalités pour les temps « hors la classe » ? temps de travail, numérique/distanciel ? accueil en tiers lieux ?Si ces temps sont définis clairement, alors les groupes formés pourront être définis aussi de façon pertinente selon les solutions retenues.
Les questions pédagogiques doivent être au cœur des réflexions.
Le numérique permet de nouvelles ambitions mais le tout numérique ne fonctionne pas.
Quelles sont les tâches qui exigent le présentiel ? Quelles sont les tâches qui peuvent être réalisées à distance ? Quelle autonomie peuvent avoir nos élèves ? Quels sont les freins, les difficultés, les impossibilités ? Le collectif classe n’est pas toujours le plus approprié, surtout pour tenir compte des besoins nouveaux qui naissent de modalités nouvelles d’enseignement : il faut plus d’accompagnement personnalisé, en petits groupes d’élèves. La réflexion conduite au niveau des établissements pour tenir compte de leurs spécificités nécessite du temps. Il faut sortir de l’immédiateté et de l’angoisse permanente et réfléchir avec tous les personnels, quelles que soient leurs fonctions, qu’ils soient en présentiel ou à distance.
Remettre du collectif c’est remettre de la confiance, c’est remettre du sens, c’est remettre du pouvoir d’agir et c’est donc pouvoir aller de l’avant.
La gestion de la maladie, des absences, des remplacements deviennent aussi des questions à prendre en compte dans le fonctionnement nouveau à mettre en place. La souffrance au travail doit aussi être entendue.