Depuis le 1 septembre 2022, tous les AED ayant exercé pendant 6 ans peuvent prétendre à un contrat à durée indeterminée. C'est une avancée majeure pour ces personnels, une sortie possible de la précarité. Néanmoins la route est encore longue pour améliorer réellement leur condition de travail.
Afin de mieux comprendre la perception que nous avons d’un assistant d’éducation, nous avons lancé une large consultation académique auprès de tous les personnels en avril 2023. Le premier constat est un taux de participation très faible (129 participants). Cepdendant, cet échantillon nous permet quand même de sortir quelques constats, des analyses et des revendications que nous porterons dans les instances.
A l’instar des premiers jours de la cédéisation des AESH, les AED commencent un long combat pour obtenir des conditions de travail acceptables. Si une large majorité des répondants (78%) pensent que la cédéisation est une bonne chose, les résultats de notre analyse montrent que les personnels perçoivent le métier d’AED comme un job étudiant ou un animateur de colonnie de vacances. C’est qui conduit l’employeur à considérer ce travail comme transitoire, un tremplin vers autres choses. Mais quoi ?
Sur le volet metier, 57% des répondants disent ne pas connaitre les obligations réglementaires des AED et 51% pensent que les conditions de travail des AED ne sont pas correctes. Une confusion persiste concernant le supérieur hiérarchique. 53% pensent que le CPE est le supérieur hiérarchique. 51% des personnels disent clairement qu’ils ne savent pas qu’elles sont les missions des AED. Les conditions de travail ne sont pas correctes pour 51% des répondants.
De manière général, la perception du métier d’AED, vue comme un saisonnier, ne coincide pas avec l’affirmation de 91% des répondants qui disent qu’un établissement ne peut fonctionner sans AED. Une perception dichotomique se profile quant à l’utilité d’un AED dans le fonctionnement d’un établissment et sa non reconnaissance comme personnel utile qui peut évoluer et vivre de son travail.
Notre analyse sera assez simple. Entre Pion et AED, il faudra choisir. Tel un animateur de certains clubs de plage en été, l’AED fait face à cette vision de personnel jettable et remplaçable. Dès lors, pourquoi lui donner des droits, ou améliorer ses conditions de travail ? Quel est l’intérêt aussi de revoir les grilles de salaires, le cadre de formation ou lui donner un contrat CDD de 2 à 3 ans ?
La réalité témoigne du contraire. De plus en plus de vie scolaire recherche des équipes stables. De plus en plus d’établissements refusent l’embauche d’étudiants car les emplois du temps universitaires ou encore des centres de formation sont imcompatibles avec la nécessité de services en collège ou lycèe.
41% pensent que la tranche idéal se situent en 25-35 ans. Cela correspond en général aux niveaux d’études en master ou doctorat. Il y a donc très peu de marge de manoeuvre pour l’organisation du service. Fait assez étonnant, des AED nous ont remontés qu’ils avaient parfois des refus pour passer un examen ou se présenter à un concours pour cause de nécessité de services. Ces remontées, assez rares certes, temoignent clairement de la prédominance du cliché pion plus que d’AED.
La cédéisation obtenue, on assiste à la création d’un nouveau concept : la précarisation stable.
On constate depuis la mise en place du CDI, que des AED CDD à 80% de quotité sont cédéisés à 50%. Qui peut vivre normalement avec une perte de 30% de son salaire ? Les factures restent au même niveau voire augmentent. Certains se retrouvent même interdit bancaire du jour à lendemain.
Le Sgen-CFDT s’est battu pour que les AED puissent obtenir la cédéisation. Nous plaidons en faveur d’une vie scolaire qui permettent de garder une part d’emploi CDD et une autre CDI. Cela permet à la fois d’accompagner et de faire découvrir le metier aux étudiants ainsi que de favoriser la stabilité des équipes de vie scolaire.
La stabilité des AED posent souvent un problème conceptuel car on a peur qu’ils s’enlisent dans un métier sans perpective d’avenir. Certains chefs d’établissement le disent clairement : « moi chef, je ne cédiserai jamais car c’est un métier sans perspective d’avenir » ; « Ce n’est pas un vrai metier » ; « je n’embauche aucune personne qui n’a pas un projet outre que d’être AED ». Alors pourquoi ne pas créer des perspectives ? Pourquoi ne pas prévoir un plan académique de formation continue, une VAE ou encore avoir la possibilité d’assurer des vacations de CPE ou d’enseignants ? N’oublions pas aussi la possibité de muter et de changer de secteur. Nous ne jettons pas la pierre aux chefs d’établissement ou aux CPE qui n’ont fait qu’appliquer la vision que l’Etat avait et a encore du métier d’AED.
La cédéisation des AED a mis en exergue la problématique profonde de l’éducation nationale : la gestion des ressources humaines. Oui, cette gestion du présent et de l’avenir, cette vision d’un agent utile et reconnue dans sa profession.
Notre syndicat, 1er en CCPA AESH/AED avec 4 sièges sur 5, continuera à porter des revendications fortes pour les collègues.
Nous revendiquons :
– Un protocole harmoniser pour les chefs d’établissement concernant la procédure de cédéisation
– Un état des lieux sur les conditions de travail des AED et CPE
– Un plan de formation académique
– Un accompagnement à la VAE
– Des contrats de 2 à 3 ans pour les CDD
– La mise à jour du Vademecum
– Une grille de salaire évolutive pour les CDI révisée tous les 3 ans
Le Sgen-CFDT, syndicat réformiste, continuera à défendre les conditions de travail des agents qu’ils soient titulaires ou contractuels.